C’est toujours étrange d’apprendre la vie de nos

C’est toujours étrange d’apprendre la vie de nos ancêtres. La vie de ceux que l’on a toujours connus vieux, et la vie de ceux que l’on a jamais eu la chance de connaître. Ceux sans qui je ne serais pas là. Mon arrière-grand-mère, mon arrière grand père. Rose et Ambroise. Ambroise et rose. Merci grand-père d’avoir écrits ces notes sur eux, merci de m’avoir fait pleurer d’émotion, merci de m’avoir fait connaître la vie de gens incroyables, que je n’aurai jamais la chance de connaître, mais à qui je dois beaucoup.

On réalise toujours trop tard que tous ces gens là ont tellement à nous apprendre. Parce que je ne sais même pas décrire l’importance que ça a pour moi, que je comprends malicieusement pourquoi tout le monde me disait toujours que je ressemble à mon arrière grand-mère. J’aurai aimé les connaître, et je suis infiniment émue de les connaître un tout petit peu, grâce aux notes de mon grand-père. J’en ai assez d’apprendre la vie de ces personnes à leurs enterrements,  et je réalise la chance que j’ai d’avoir un grand-père pareil, l’homme le plus incroyable que je puisse connaître. Un homme avec une culture incroyable, que ce soit en histoire, en politique, en littérature, en musique. Un homme qui touche à tout, s’intéresse à tout, qui a du géni et une intelligence hors norme, et qui pourtant reste humble même face à des ignares. Un homme qui a voyagé, étudié, écrit, un homme qui ne s’arrête pas aux choses superficielles de la vie. Un homme qui parle une multitude de langue, qui est un traducteur de Goethe et de Shakespeare, qui est un auteur reconnu et publié, un poète étonnant, un champion d’échec, un mari et un père aimant, et surtout, mon grand-père. Parce que c’est le seul qui ne m’a jamais jugée pour une couleur de cheveux, parce qu’il n’a jamais eu besoin d’émettre un mot plus haut que l’autre pour avoir raison. Parce que des hommes comme ça, de nos jours, il n’y en a plus.

Ce sont des hommes d’une autre époque, et quelle époque.

Je ne sais pas si c’est juste moi ou un syndrome de génération, mais j’ai du mal à communiquer avec mes grands-parents, à leur dire que je les aime, que je les admire. Je veux connaître leur vie, leur vie pendant les guerres qu’ils ont vécus, leurs déceptions, leur goûts, leurs joies. Je n’ose pas, et je sais que quand il sera trop tard je le regretterai. Parce que ça fait toujours mal que ma grand-mère me dise qu’au fond, elle ne me connaît pas. Parce que je ne suis pas une je m’en foutiste pour ces choses là, que ça m’intéresse, et que je ne veux pas finir par retranscrire leur mémoires quand ils ne seront plus là, comme je le fais maintenant avec l’oncle de ma mère qui est décédé. Parce que je ne veux pas apprendre leur vie après leur mort, alors qu’ils sont toujours là pour me la raconter. Parce que j’ai peur de pleurer devant eux, parce que je suis trop émotive, parce que je n’ose pas.

Avoir la chance d’avoir une famille avec une histoire intéressante, de la culture et des choses à raconter.

Saisis ta chance, saisis ta chance.

Comments

[PiKa]

j'aimerai aussi pouvoir appliquer ce que j'écris, mais c'est dur, je le sais...

[nhan_hien]

Comme je devrais écouter tes derniers mots et saisir ma chance.
Mais il est déjà trop tard.
Ils ont tout oublié.
Je n'ai plus que des photos.
Oui, je pourrais questionner...mais je me ferme.
Je le regrette déjà.
Je le regretterais encore plus.
Mais je ne me suis pas encore décidé à changer les choses...

Bises